L’histoire de NEV du point de vue d’Andrew

Andrew Stegemann, directeur national jusqu’en octobre 2023, a écrit ce récit avant de quitter Nos eaux vitales pour entamer un nouveau chapitre. Merci, Andrew, pour ton dévouement et ton leadership!

À l’instar des bassins versants interconnectés, les groupes de protection de l’eau de tout le pays existent côte à côte. Mais, là où les bassins versants interagissent naturellement — leurs puissantes rivières se rejoignent et leurs eaux souterraines fraîches alimentent l’ensemble du système — les organisations interagissent et collaborent de manière plus cohérente avec l’aide d’un soutien dévoué. Et, lorsque les groupes de protection de l’eau collaborent, les résultats sont magnifiques.

Il y a dix ans, une formidable énergie se dégageait de la communauté de l’eau et j’ai eu la chance d’en faire partie. Plusieurs personnes ont trouvé l’inspiration dans l’idée d’une organisation qui pourrait amplifier l’influence et l’impact des nombreuses et diverses organisations qui constituent la communauté de l’eau au Canada. Il y avait tellement d’excellent travail qui se réalisait à différents endroits, l’objectif était d’étendre cet impact à l’échelle nationale. Heureusement, nous disposions du soutien requis pour nous réunir régulièrement et réfléchir à ce qui était nécessaire. De Salt Spring Island, en Colombie-Britannique, à Delhi, en Ontario, en passant par quelques endroits entre les deux, les discussions entre des personnes dévouées (et amusantes !) dans des endroits inspirants nous ont amené·e·s à la conclusion qu’une organisation de base était nécessaire pour soutenir la connectivité, le réseautage et l’action collective. Lors de l’édition 2014 du Rallye des eaux vitales, au cours d’une séance plénière, les architectes de cette idée — dont je faisais partie — ont été expulsé·e·s de la salle avec joie afin que les 110 responsables de l’eau présent·e·s puissent voter pour décider si la création de Nos eaux vitales était quelque chose qu’elles et ils jugeaient nécessaire et à propos. Tout le monde dans la salle a levé le grainy_photo.pngpouce avec enthousiasme (et quelqu’un a réussi à prendre cette photo granuleuse !). Le travail a commencé sérieusement lors du lancement officiel du réseau NEV en 2016 avec une cinquantaine de membres. Nous en comptons aujourd’hui environ 200.

S’il y a eu pour moi un thème constant autour de NEV, c’était la nécessité d’accepter l’émergence. Autrement dit, laisser émerger ce qui s’avère nécessaire plutôt que tenter de tout prédéterminer, et s’adapter à des circonstances en constante évolution. Deux devises nous ont aidé·e·s à rester fidèles à l’émergence. Tout d’abord, nous allons toujours de l’avant lorsqu’une décision est suffisamment adéquate pour le moment et suffisamment sécuritaire pour la tester, sachant que nous pouvons toujours nous ajuster au fil de nos apprentissages. La seconde : nous souhaitons toujours aller là où se trouve l’énergie. Ces mots d’ordre nous ont été d’une aide précieuse pour nous adapter et permettre fluidement à ce qui était nécessaire d’émerger. En voici deux exemples. 

1) La mise en place d’un réseau efficace exige un objectif commun clairement énoncé autour duquel tout le monde peut se rallier, ainsi qu’une feuille de route sur la manière d’y parvenir. Notre Système de mesure partagé communique cela aujourd’hui, mais ce n’est pas le premier que nous ayons construit. Nous avons dû mettre au rebut la première version parce qu’elle ne fonctionnait pas très bien. En fait, les gens la détestaient.

Notre premier système de mesure était basé sur un des modèles logiques les plus communs (vous savez… les intrants et les activités menant aux extrants et éventuellement aux résultats à court, moyen et long termes). Ce modèle fonctionne bien dans certains cas, mais pas pour un réseau. Nous avons défini les intrants et les activités nécessaires, puis nous nous sommes retrouvé·e·s dans la situation délicate de quasiment dire aux membres du réseau ce qu’elles et ils devaient faire. Comme vous pouvez l’imaginer, cela n’a pas été très bien accueilli. La planification peut parfois conduire à une arrogance involontaire donc nous avons rapidement abandonné ce modèle. Des fois, il faut apprendre où l’énergie n’est pas pour pouvoir aller là où elle se trouve !


Ce que l’on a ressenti en construisant le réseau
: réflexions de deux des premières architectes de NEV (traduites de l’anglais)

« Le souvenir le plus marquant pour moi est celui de “la photo du pouce levé”. Voir le vote de confiance de notre communauté jugeant que NEV était nécessaire, que le réseau comblait une lacune vitale et qu’il était suffisamment “mûri” pour que tout le monde y adhère. C’était la construction d’un mouvement au vrai sens du terme. » ~Lindsay Telfer

« C’était passionnant de participer à une communauté de personnes qui reconnaissaient la nécessité d’intensifier leurs efforts et d’en faire davantage pour garantir la santé de nos eaux. Et ce qui était encore plus passionnant, c’était le fait que cela se produisait pendant que mon corps créait mon propre petit humain, River, qui s’est joint à ce monde en octobre 2014 et qui continue de me motiver à faire un pas en avant et à honorer et respecter le caractère sacré de l’eau. » ~Wendy Cooper

Pendant tout un été, j’ai cherché des alternatives qui nous ont ultimement mené·e·s à notre Système de mesure partagé actuel (fondé en gros sur un modèle appelé « Results-Based Accountability », [Responsabilisation axée sur des résultats]). Notre système propose désormais 24 mesures d’impact pour soutenir notre objectif ambitieux. Mais, surtout, nous ne disons pas aux gens quelles actions sont nécessaires pour faire évoluer positivement les mesures d’impact. Nous rassemblons plutôt des groupes intéressés par la même mesure et facilitons un processus où ils proposent des actions collectives. C’est une façon beaucoup plus gracieuse de stimuler la collaboration; il s’agit là d’une importante leçon apprise.

2) En mai 2020, nous avions prévu une réunion virtuelle du réseau et nous nous demandions s’il fallait l’annuler. La réalité de la pandémie venait de frapper tout le monde et nous n’étions pas sûr·e·s de la marche à suivre. Nous avons organisé la réunion comme prévu et, à notre plus grande joie, tout le monde s’y est présenté. Les gens avaient soif de se voir et de tisser des liens. Nous nous sommes demandé comment nous pourrions servir au mieux ce formidable réseau au milieu de toute cette incertitude. Qu’est-ce qui était suffisamment adéquat pour le moment et suffisamment sécuritaire pour être testé en contexte de pandémie ? Nous avons choisi de dresser une liste de projets dans le domaine de l’eau « dignes d’être lancés » qui ne demandaient qu’un financement rapide. Nous avons communiqué les résultats aux politicien·ne·s et la « BC Watershed Security Coalition » (en anglais) a réalisé ses propres activités de plaidoyer auprès du gouvernement de la Colombie-Britannique (qui a depuis investi 157 millions de dollars dans la sécurité des bassins versants). Quel beau pivot !

En terminant, je tiens à remercier tou·te·s les membres du réseau NEV, présent·e·s et futur·e·s, pour votre confiance en Nos eaux vitales. Votre énergie est notre raison d’être. Ce fut un plaisir de travailler avec vous au cours de la dernière décennie et j’ai hâte de voir ce que l’avenir réserve à l’ensemble du réseau. Par-dessus tout, je vous remercie d’avoir rendu mon rôle si agréable et pour le travail que vous accomplissez en faveur des eaux qui nous relient tous et toutes.

Andrew Stegemann
À propos de Andrew Stegemann
Ancien directeur national - Nos eaux vitales : père, mari, amateur de plein air, défenseur de l'eau et amateur de bonne chère... et de scotch ! 
L’histoire de NEV du point de vue d’Andrew
L’histoire de NEV du point de vue d’Andrew
Imagine a Canada where all waters are in good health: